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One Health La santé du végétal sous les projecteurs en 2020

Le colloque « Santé du végétal, une seule santé et un seul monde » qui a eu lieu le 28 janvier à Paris s’est terminé par une table ronde « Comment favoriser le débat sociétal ? » ©Léna Hespel

L’année 2020, déclarée année internationale de la santé des végétaux par la FAO, va voir se multiplier des événements sur le sujet. Parmi les premiers en date : le colloque « Santé du végétal, une seule santé et un seul monde ».

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Ce colloque, qui a eu lieu le 28 janvier 2020 à la cité internationale universitaire de Paris, a réuni chercheurs, ingénieurs, membres de l’académie d’agriculture et politiques pour débattre des enjeux autour de la santé du végétal.

La répartition mondiale actuelle des agents pathogènes est sans précédent mais la capacité des pays à prévenir, détecter et répondre n’est pas uniforme. Il est donc nécessaire de développer une approche mondiale, mais aussi multidisciplinaire : les santés humaine, animale et végétale sont toutes liées.

Pas de solution unique aux problèmes phytosanitaires

« La chimie, la génétique, le biocontrôle, l’arrachage, le feu… aucune méthode à elle seule ne suffit à résoudre durablement un problème sanitaire » rappelait André Fougeroux, membre de l’académie d’agriculture de France. Pour lutter au mieux, il vaut mieux développer des méthodes de protection intégrées et combiner les produits de biocontrôle, les outils biotechnologiques (édition du génome…), les pratiques culturales, les solutions mécaniques (la robotisation), les outils d’aide à la décision (OAD), etc.

Pour cet ingénieur agricole spécialiste de la protection des cultures, les défis de demain sont : la gestion des résistances, les usages orphelins (usage pour lequel un producteur se retrouve sans solution autorisée pour lutter contre une maladie sur une plante), les nouveaux bioagresseurs, les interventions ciblées (robotique…), le développement de résistances variétales et ce qu’il appelle le passage des « cides » aux « fuges » (phéromones, interactions plantes/insectes…).

Liens entre santé humaine et santé du végétal

Les liens entre santé animale et humaine semblent évidents, avec notamment la transmission des maladies entre animaux et humains (avec le coronavirus 2019-nCoV comme dernier exemple en date), mais aussi l’utilisation des antibiotiques dans l’élevage par exemple, qui a des répercutions sur l’antibiorésistance.

Mais la santé des végétaux influence aussi la santé humaine, notamment via l’alimentation et les allergies. Des plantes toxiques colonisent certaines cultures, comme le datura dans les champs de tournesol. Autre exemple : les mycotoxines, produites par certaines moisissures (ou champignons) sur les plantes au champ ou en cours de stockage. Côté allergie, le pollen de l’ambroisie, une plante exotique envahissante, provoque de fortes réactions allergiques. Les soies des chenilles processionnaires du pin, un insecte ravageur invasif, sont également urticantes et peuvent provoquer des allergies.

La nature peut aussi améliorer le bien-être, qui est une part importante de la santé. Un projet piloté par Florence Allard-Poesi (professeure en sciences de gestion à l’Université Paris Créteil) et Pascal Boireau (directeur du laboratoire de santé animale de l’Anses) essaye d’évaluer l’incidence de la présence de la nature, dont un environnement agricole, sur le bien être des habitants. « Le bien-être c’est surtout une question de relations sociales et de critères économiques. La nature arrive seulement après » rappelait Florence Allard-Poesi lors de ce colloque. L’exposition aux espaces verts peut provoquer un sentiment océanique, c’est-à-dire que l’on se sent en phase avec l’environnement. Parmi les autres effets bénéfiques : un rythme cardiaque moins élevé, une pression artérielle plus basse… A contrario cet environnement peut aussi pour certains être une source d’inquiétude voir de mal être (peur des éléments naturels, sentiment d’insécurité…)

Léna Hespel

* Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Retrouvez dans notre prochaine édition (Le Lien Horticole n°1093 – Mars 2020) un dossier sur la surveillance des végétaux.

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